Même si le catalogue des œuvres de Beethoven va jusqu’à l’opus 135, il n’a plus composé de sonate pour piano après l’opus 111. Cela dit, le cycle des Variations Diabelli, qui dure plus d’une heure sur un thème tout simple et porte le numéro d’opus 120, emmène l’auditeur très loin, et même à l’issue de la première variation, peu importe le thème original, l’œuvre porte indéniablement la marque de Beethoven. Figurent également sur ce disque deux cycles de "simples" morceaux pour piano, intitulés "Bagatelles". Des petites choses sans importance, qui font involontairement penser à des compositeurs romantiques bien ultérieurs. Et enfin, Beethoven, habituellement si critique envers lui-même, a attribué son avant-dernier numéro d’opus (op. 134) à une "simple" transcription pour piano de la "Grande Fugue" op. 133 ! Comment tout cela se côtoie-t-il ?
Il est évident que le cadre de la forme classique était trop étroit pour Beethoven. Cette apparente simplicité était-elle au service d’un dessein plus large ? Le tout dernier mouvement de son tout dernier opus, le quatuor à cordes op. 135, se base sur les mots "Cela doit-il être ? – Cela doit être !" Beethoven, dans ses dernières œuvres, poursuivait-il un objectif global ? Ou tout venait-il comme ça ? Voyez vous-même… Vous trouverez ces dernières œuvres pour piano réunies sur un double CD.
Écoutez les premières secondes de la "Grande Fugue" interprétée par Ljupka Hadzigeorgiewa et Evgeni Koroliov. Succombez au charme et à l’allure de ces deux musiciens, qui nous guident avec générosité et sûreté dans ce troublant hiatus de l’histoire musicale.