"Méconnu en France, le Trio Gaede (Daniel Gaede, Thomas Selditz, Andreas Greger) signe ici un disque remarquable. Tout d′abord par le choix des oeuvres, qui adosse à la célèbre Sérénade de Beethoven deux pièces plus rares d′Eisler, et surtout une page d′Ysaye quasiment jamais jouée. Remarquable aussi pour sa réalisation irréprochable; dans l′Opus 8 beethovénien peuvent ainsi cohabiter en parfaite intelligence élégance traditionnelle viennoise (Daniel Gaede est violon solo de la Philharmonie de Vienne) et courants d′inspiration baroque. Forts d′un sens inné des contrastes et de sonorité très subtils, les musiciens habitent chaque mouvement d′autant de grâce et de poesie que d′espièglerie.
D′une parfaite lisibilité, leur lecture des deux pièces d′Eisler rend hommage à l′écriture logique et sans bavure de cet élève de Schönberg. La surprise vient de l′interprétation, stupéfiante, du trio composé en 1927 par Ysaye (sauf erreur une première au disque). Partition d′un seul tenant, jamais éditée, elle exige des trois solistes le même niveau de virtuosité que les célèbres sonates pour violon seul (elles datent de la même époque)! Si l′on savait de toujours que l′homme avait été un violoniste hors pair, doué d′une sonorité et d′une technique exceptionnelles qui lui valurent l′adoration du public, son legs de compositeur, essentiellement connu des passionnés de violon, ne pouvait laisser supposer une telle maîtrise et un tel niveau d′inspiration. L′oeuvre fascine de bout en bout; on y distingue certes quelques influences de l′école de Vienne, quelques harmonies du Fauré tardif, mais elle est surtout d′une formidable personnalité. A mesure qu′on la réécoute, son oubli paraît de plus en plus incompréhensible, si ce n′est que sa prodigieuse difficulté ne la rend accessible qu′à des virtuoses de très haut niveau. Le Trio Gaede éblouit par son intelligence comme par sa maîtrise. A découvrir, et vite!"
Jean-Michel Molkhou
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D′une parfaite lisibilité, leur lecture des deux pièces d′Eisler rend hommage à l′écriture logique et sans bavure de cet élève de Schönberg. La surprise vient de l′interprétation, stupéfiante, du trio composé en 1927 par Ysaye (sauf erreur une première au disque). Partition d′un seul tenant, jamais éditée, elle exige des trois solistes le même niveau de virtuosité que les célèbres sonates pour violon seul (elles datent de la même époque)! Si l′on savait de toujours que l′homme avait été un violoniste hors pair, doué d′une sonorité et d′une technique exceptionnelles qui lui valurent l′adoration du public, son legs de compositeur, essentiellement connu des passionnés de violon, ne pouvait laisser supposer une telle maîtrise et un tel niveau d′inspiration. L′oeuvre fascine de bout en bout; on y distingue certes quelques influences de l′école de Vienne, quelques harmonies du Fauré tardif, mais elle est surtout d′une formidable personnalité. A mesure qu′on la réécoute, son oubli paraît de plus en plus incompréhensible, si ce n′est que sa prodigieuse difficulté ne la rend accessible qu′à des virtuoses de très haut niveau. Le Trio Gaede éblouit par son intelligence comme par sa maîtrise. A découvrir, et vite!"
Jean-Michel Molkhou
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