Les Rouleaux Welte-Mignon de Félix Mottl publiés par TACET
"Poursuivant sa série consacrée aux rouleaux Welte-Mignon, après un album Granados dont nous avons rendu compte dans crescendo n° 75, le label TACET nous offre cette fois l′intégralité du legs réalisé en 1907 par le grand chef d′orchestre et pianiste Felix Mottl. Il est bien sûr passionnant de pouvoir entendre celui qui fut l′un des chefs fétiches de Wagner, s′étant pour ainsi dire approprié Tristan, à l′instar de Hermann Levi qui, lui, se fera le champion de Parsifal, comme le seront Karl Muck et Hans Knappertsbusch après lui."
Malgré les limitations du système dont nous avons déjà parlé, on sent ici tout à la fois une grande émotion et des "tics", déjà relevés dans la littérature de l′époque: lenteur extréme, à la limite de la désintégration de la ligne musicale, impression d′éternité, majesté omniprésente, Pilier du festival de Bayreuth, Mottl participe à l′esprit du Saint Etablissement: quelle que soit l′œuvre qu′il aborde, il le fait avec la vénération coutumière des fervents venus en pélerinage sur la colline verte, servant l′objet sacré avec une totale dévotion.
Cette approche peut être entendue ailleurs: les enregistrements sur circ de Karl Muck et, dans une moindre mesure, de Hans Knappertsbusch, restituent également cet esprit si particulier. Une telle démarche est-elle encore défendable aujourd′hui? Peut-être pas, d′autant que la mode du temps est à la dépréciation -mêlant dangereusement art et politique- de l′œuvre wagnérienne. Mais elle me semble indispensable pour mieux comprendre les circonstances de la composition, de la création et des premières représentations de ces chefs-d′œuvre aux mille vicissitudes.
On trouvera dans ces très courts disques (n′aurait-on pas pu les compléter avec les témoignages d′autres artistes?) les pages les plus célèbres de Wagner: Préludes de Lohengrin, Parsifal et Tristan, Chœur des fiançailles et rève d′Elsa de Lohengrin, Enchantement du Vendredi Saint et musique de transformation de Parsifal, quintette des Meistersinger. Le seul fait que ces "bandes" existent les rend précieuses sur un art dont il ne nous reste que quelques rares bribes."
Bernard Postiau
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"Poursuivant sa série consacrée aux rouleaux Welte-Mignon, après un album Granados dont nous avons rendu compte dans crescendo n° 75, le label TACET nous offre cette fois l′intégralité du legs réalisé en 1907 par le grand chef d′orchestre et pianiste Felix Mottl. Il est bien sûr passionnant de pouvoir entendre celui qui fut l′un des chefs fétiches de Wagner, s′étant pour ainsi dire approprié Tristan, à l′instar de Hermann Levi qui, lui, se fera le champion de Parsifal, comme le seront Karl Muck et Hans Knappertsbusch après lui."
Malgré les limitations du système dont nous avons déjà parlé, on sent ici tout à la fois une grande émotion et des "tics", déjà relevés dans la littérature de l′époque: lenteur extréme, à la limite de la désintégration de la ligne musicale, impression d′éternité, majesté omniprésente, Pilier du festival de Bayreuth, Mottl participe à l′esprit du Saint Etablissement: quelle que soit l′œuvre qu′il aborde, il le fait avec la vénération coutumière des fervents venus en pélerinage sur la colline verte, servant l′objet sacré avec une totale dévotion.
Cette approche peut être entendue ailleurs: les enregistrements sur circ de Karl Muck et, dans une moindre mesure, de Hans Knappertsbusch, restituent également cet esprit si particulier. Une telle démarche est-elle encore défendable aujourd′hui? Peut-être pas, d′autant que la mode du temps est à la dépréciation -mêlant dangereusement art et politique- de l′œuvre wagnérienne. Mais elle me semble indispensable pour mieux comprendre les circonstances de la composition, de la création et des premières représentations de ces chefs-d′œuvre aux mille vicissitudes.
On trouvera dans ces très courts disques (n′aurait-on pas pu les compléter avec les témoignages d′autres artistes?) les pages les plus célèbres de Wagner: Préludes de Lohengrin, Parsifal et Tristan, Chœur des fiançailles et rève d′Elsa de Lohengrin, Enchantement du Vendredi Saint et musique de transformation de Parsifal, quintette des Meistersinger. Le seul fait que ces "bandes" existent les rend précieuses sur un art dont il ne nous reste que quelques rares bribes."
Bernard Postiau
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