Fondé en 1981, formé auprès du Quatuor Amadeus et du Quatuor Guarneri, le Quatuor Auryn s′est illustré par différents cycles consacrés à Beethoven, Mendelssohn, Schumann, Schoenberg, et joue régulièrement la musique contemporaine. Ces musiciens font montre dans Brahms d′une articulation, d′une carrure et d′une cohésion supérieures à leurs précédentes gravures beethovéniennes. Ils ont progressé dans l′art d′utiliser les suspensions et les tensions expressives ; leur jeu est incisif et ferme, même si, sur le plan instrumental, il n′égale pas celui des Quatuors Ianâcek, Welter, Bartôk, Alban Berg I et II et Prazak dans le Premier Quatuor en ut mineur (1859-1873), ni celui des Berg II et des Prazak dans le Troisième Quatuor en si bémol majeur (1875-1876). La beauté, la richesse des timbres ne semblent pas être le principal souci du Quatuor Auryn, qui privilégie plutôt l′équilibre, l′homogénéité.
Le propos est classique, techniquement maîtrisé, un rien austère et distant. Mais la tension dramatique ne fait pas défaut à l′interprétation du difficile Deuxième Quatuor en la mineur (1859-1873). Sans doute la plus réussie du cycle. La rigueur, le déploiement des motifs n′apparaissent pas seulement chez Brahms comme la contrepartie nécessaire du lyrisme. En l′absence d′une structure d′ensemble vraiment nouvelle, c′est à l′intérieur de chacune des parties que le compositeur affirme sa propre personnalité. Les Auryn l′ont bien compris, solidaires et fidèles traducteurs d′une texture où chaque motif est sous-tendu par une dynamique propre.
Patrick Szersvovicz
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